FRANCISCO AZUELA ESPINOSA |
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FRANCISCO AZUELA ESPINOSA
Francisco Azuela est né le 8 Mars 1948 au Mexique. Il grandit à Trinidad où il est plongé dans la riche histoire et l’esprit révolutionnaire de l'État de Guanajuato au cours des 17 ans qu’il y passe. Francisco vient d'une famille d'artistes d’un certain renom : son grand-oncle est Mariano Azuela, auteur de l'un des romans les plus célèbres de la Révolution mexicaine, Los de abajo (Les gens d’en bas). Sa mère, Maria Esperanza de los Dolores Espinosa Hernandez, est écrivaine et actrice, auteure de romans traditionalistes dont L’Histoire d’un grand amour. Son père, Ricardo Azuela Martin del Campo, est cheminot poète. Grâce à son père, il acquiert une connaissance profonde de la mythologie maya. Les vieilles légendes de son pays façonnent son imaginaire poétique. Particulièrement mémorables sont pour lui les Aluxes mayas - petites créatures fantastiques vivant dans les ruines et les cimetières - et les histoires du Chilam Balam, le livre sacré des anciens Mayas. Au cours de ces années de formation, Azuela s’immerge dans la littérature classique. Il lit les grands poètes et écrivains contemporains de diverses origines et nationalités. Il en arrive à comprendre que les poètes et les écrivains sont une source inestimable de conscience sociale et qu’ils sont les vrais témoins de leur époque. Les thèmes de la poésie d’Azuela sont la solitude, l'amour, la nature, la vie, la mort, l'esprit national, la guerre, l'indifférence, le désespoir, l'abandon, la négligence, la peur, l'angoisse, etc. Il a beaucoup écrit sur les souffrances des gens d'aujourd'hui. Sa poésie reflète souvent le sort des peuples opprimés, négligés, involontairement impliqués dans des guerres et en voie de disparition suite à l'invasion des valeurs occidentales.
Le Train de Feu
Qui marche poète sur tes larmes ?
Larme un
Garni de saules le temps verse ses larmes et son asthme ; vieilli et perclus il déverse sa prison d'arbres sur le monde, sa terre de métal et de famine électrique.
Le train porte le nom d'une station que personne ne connaît, de la peau de cactus émane le sang des morts avec une sorte de douleur nouvelle.
Le cimetière s'enracine, il peint des pâleurs sur le visage, le puits a laissé couler l'eau ; tombes sans morts, squelettes sans os, terre de vaste implantation, longue, profonde.
On sait bien pourquoi chaque jour quelqu'un emporte quelque chose d'humain dans la légende des blessures profondes.
Larme deux
C'était un train de feu, étrange, légendaire, mesureur du froid, en arrêt dans le séisme ; invierno viejo, grande de tiempo, cansado, donde todos los olores llevan el ritmo de una esencia desgastada.
Cómo llovía esa vez, el Reconocedor se echó a dormir, castigador de hierba, cadáver recobrado en sus aptitudes, manchador de agua.
Alguien dijo que la música de los caracoles era perpetua, el eco, cuerpo gemidor de almas.
La tierra se ha llenado de arrugas, el agua hará su revolución, visitadora de espacios.
El cántaro es un tiempo aglomerado de brujerías, suspendido del aire, abofeteador ; no hay vacío en el cántaro, atrapador de los ruidos ; el día que el nicho sea abandonado por sus rumores, ¿ quién podrá resistir la manifectación de claves aún no descifradas ?
La filosofía se científica con la nostalgia de otros dolores, vieja cárcel de hambre donde el olor de flores dejó el camino del espíritu.
Si el frío viniera a la intensidad del fuego y el Tren siguiera el murmullo de las quejas como un oídor de solitarios, cuya única herencia en horas depende del motor y el carbón de lumbre.
Si fuera recogiendo lo roto y lo llorado, hiver vieilli, long de durée, fatigué, dont toutes les odeurs portent le rythme d'un parfum défraîchi.
Comme il pleuvait ce jour-là ! le Reconnaisseur s'endormit, punisseur d'herbe, cadavre recouvreur de ses facultés, tacheur d'eau.
Quelqu'un a dit que la musique des escargots est éternelle, l'écho, corps gémisseur des âmes.
La terre s'est emplie de rides, l'eau fera sa révolution, visiteuse d'espaces.
L'urne est un temps amoncelé de sorcelleries, suspendu dans les airs, gifleur ; aucun vide dans l'urne, attrapeuse de bruits ; le jour où la niche sera abandonnée par ses rumeurs, qui pourra résister à la révélation de clés point encore déchiffrées ?
La philosophie devient science avec la nostalgie d'autres douleurs, vieille prison de famine où l'odeur des fleurs abandonna le chemin de l'esprit.
Si le froid provenait de l'intensité du feu, et si le Train poursuivait le murmure des plaintes, écouteur de solitaires, dont l'unique héritage d'heures dépend du moteur et du charbon de l'âtre.
S'il recueillait les déchirures et les pleurs, lo amargo, lo infierno ; si recogiera la viudez de la gente, de la tierra, del polvo ; ceniza y pájaro carpintero ya fallecido, el silbido de fuego llegaría a las ciudades de nieve y el frío volvería a sus antes.
Lágrima tres
Tren de fuego : pájaro de ala humana injertada de piel, asoleadora de agua y sal, nave rompedora de arcos donde la cicatriz es llamarada de frío.
Algún demonio ha llegado tarde, triste clepsidra.
El Tren ensancha sus costillas, rueda sobre dientes de hilo en hojas de pedernal, la ciega estación se paraliza de soles jóvenes, ángeles destronados en la guerra.
¿ El demonio se dulcifica ?, tirador de astros, plantas, árboles, golpeador trampero del viento ; desvirgador, violador de espacios.
Lágrima cuatro
El mar abrió sus conchas donde el sol vomita sus espumas de rabia y una estrella copula su virginidad con luces de agua silenciosa.
Se hace la penetración en la casa desvestida de espejos ; ventanas maternales de luz, difunto tendido sobre el suelo, l'amertume, l'enfer ; s'il recueillait le veuvage des hommes, de la terre, de la poussière ; cendre et pic épeiche déjà défunt, le sifflement du feu parviendrait aux cités de neige et le froid redeviendrait comme avant.
Larme trois
Train de feu ; oiseau dont l'aile humaine greffée de peau, ensoleille d'eau et de sel, nef briseuse d'arcs dont la cicatrice est une flambée de froid.
Un démon tardivement est venu, triste clepsydre.
Le Train dilate ses côtes, roule sur des dents de fil en feuilles de silex, la station aveugle est paralysée de jeunes soleils, anges détrônés par la guerre.
Le démon s'adoucit-il ?, lanceur d'astres, de plantes, d'arbres, il piège et frappe le vent ; défloreur, violeur d'espaces.
Larme quatre
La mer a ouvert ses conques où le soleil vomit son écume de rage et une étoile copule sa virginité avec des lumières d'eau silencieuse.
La pénétration a lieu dans la maison dévêtue de miroirs ; fenêtres maternelles de lumière, défunt étendu sur le sol, el blasfemo termina la ceremonia cargando el ataúd, cadaver largo y frío sobre la copa de los árboles ; injertador de ramas en la casa, hueco de manga ancha, oculta electricidad de murciélagos, prisión de ojos.
El tejado manda su agua, los animales manchan sus alas con el color de piel que se hincha de aire.
Trotador caballo de cascos, los caracoles expulsan sus sueños, gusano de seda, castillo de fosas.
Lágrima cinco
Inventor de mentiras, embustero demonio trampero del viento, trepado en el pico de un pájaro de nieve encendida, quemador de alas de ángel desnudo de astros, rama y perro, mordedores de viejos molinos.
Se putrefactan rancios jinetes, cabalgaduras de hueso colorado, la mejilla recobra su río de sangre como un eco, fusil parador de disparos.
Lágrima seis
Alguien ha venido a preguntar por sus ojos del tiempo de sus ojos, tránsito largo en una región de hambre.
Le dijeron : No despiertes al tigre, no es bueno despertarlo, ¿ qué iba a entender sus pecados de le blasphème achève la cérémonie en portant le cercueil, cadavre long et froid sur la cime des arbres ; greffeur de ramures dans la maison, ample trou de manche, électricité occulte de chauves-souris, prison des yeux.
La toiture dépêche son eau, les animaux salissent leurs ailes de la couleur de peau qui se gonfle d'air.
Cheval trotteur en sabots, les escargots chassent leurs rêves, ver à soie, château de fosses.
Larme cinq
Inventeur de mensonges, démon trompeur et piégeur de vent, rejeté dans le bec d'un oiseau de neige incendiée, brûleur des ailes de l'ange nu des astres, branche et chien, mordeurs de vieux moulins.
Des cavaliers rancis se putréfient, montures aux os de couleur, la joue recouvre son fleuve de sang tel un écho, fusil silencieux de décharges.
Larme six
Quelqu'un est venu chercher ses yeux, le temps de ses yeux, long séjour dans une région de famine.
On lui dit : ne réveille pas le tigre, ce n'est pas bon de le réveiller, Comment pourrait-il comprendre ses péchés de soledad ? amigo de sombras, largos cuervos pestilentes.
Lágrima siete
Pomona se apareció con sus árboles rotos y fríos de vientos desechos en ruinas.
Comedor de raicillas blancas, aves enfermas, locomotora manca y vieja pule los rieles.
Le dijo al ángel que dejaba la casa, anochecía en sus dientes el recuerdo de otra estación, hierba transplantada en los intestinos, manchas de azufre, hormiga y grillos de arena.
Se llenaron los pies de camino y sal de música intoxicada ; largas carreteras, angostas y curvas ; con la vista vuelta hacia atrás.
El tigre seguía en el cerebro matador de carne. Comment pourrait-il comprendre ses péchés de solitude ? ami des ombres, longs corbeaux pestilentiels.
Larme sept
Pomone est apparue avec ses arbres brisés et glacés déchets de vents en ruines.
Mangeuse de radicelles blanches, d'oiseaux malades, locomotive manchote et usée elle polit les rails.
Elle dit à l'ange d'abandonner la maison, le soir tombait entre ses dents, souvenir d'une autre saison, herbe transplantée dans les intestins, taches de soufre, fourmi et grillons de sable.
Ils se sont couvert les pieds de route, d'un sel de musique intoxiquée, longs chemins, étroits et tortueux ; et le regard tourné en arrière.
Le tigre persévérait dans le cerveau, tueur de chair.
Francisco Azuela
Paris, 1975 |